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Bangladesh
Bangladesh
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13 mars 2008

. . Hier après-midi lorsque je suis sorti vers 14

parlement

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mannequin

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Hier après-midi lorsque je suis sorti vers 14 heures j’ai demandé au cyclo-pousse de m’emmener au Musée National.

Il faisait chaud avec une légère brise, et le ciel était découvert. Pas tant qu’on soit en période de mousson mais la pollution est telle que l’on voit rarement le bleu du ciel.

Nous avons tourné dans des rues, traversé des marchés avec des passerelles métalliques rouillées au dessus, des camions qui déversaient des poulets par milliers, des chèvres, des colis de toutes sortes… puis il m’a posé devant l’entrée d’un grand centre commercial.

Ce cyclo-pousse avait du lire dans mon esprit, je lui avait juste indiqué le Musée pour donner un but à ma sortie.

Je dis souvent qu’en voyage j’applique la loi du Tao et qu’il faut « suivre comme l’eau, la voie de moindre résistance ».

Au lieu de visiter le Musée donc, je me suis dit que j’allais visiter le centre commercial.

C’était un centre commercial très spécialisé. Au rez-de-chaussée ils ne vendaient que des ceintures et des poupées, au premier étage des saris, et au deuxième des chemises et des kurta.

Alors je me suis acheté une ceinture et un bracelet pour ma montre au rez-de-chaussée, au premier je voulais acheter des saris mais je me suis demandé ce que j’en ferai à Paris, et au deuxième je me suis acheté une fausse chemise Versace très excentrique, à rayures, turquoise et violet, (je ne suis pas sûr de pouvoir la porter à Paris), une plus sobre, puis une magnifique kurta noire et un pantalon.

Si je ne mets jamais les pieds dans un centre commercial en Europe, au Bangladesh ça m’amuse. Déjà parce-que les prix sont tels qu’ils correspondent facilement à mon budget, et puis c’est très ludique. On s’assied dans la boutique devant un thé, et ce sont les vendeurs qui essayent les chemises qu’on choisit en vantant les coloris, la coupe et la qualité du tissus pour qu’on n’ait pas à se fatiguer. Ensuite vient le moment du marchandage et c’est un moment très agréable où il faut obtenir ce que l’on veut en inspirant de la sympathie au vendeur et réciproquement, ce qui est très facile ici.

Après cette frénésie de consommation, je me suis mis en tête de photographier les mannequins postés devant les boutiques. En quelques minutes il y avait un attroupement de vingt personnes qui m’accompagnaient, deux policiers compris, pour incliner le mannequin comme je le souhaitais, sortir ceux qui étaient dans les vitrines, diriger les éclairages, porter les sacs de mes achats, empiler des tabourets pour que je pose mon appareil photo pour les prises de vues sans flash.

Je ne vais pas faire un paragraphe tous les jours sur la gentillesse des bangladais, mais cette gentillesse me surprend à chaque seconde.

Je suis revenu dans les rues encombrées jusqu’à mon hôtel, j’ai enfilé ma nouvelle chemise versace car hier soir j’étais invité au Club canadien pour une grande réception pour la francophonie avec les expatriés, les diplomates etc.

Nous nous y sommes rendus avec Jacques, l’attaché culturel. Nous avons exactement le même âge et nous entendons très bien. La voiture est passée devant le Parlement de Louis Kahn, immatériel et posé comme une soucoupe volante dans la nuit de Dhaka. (photo au dessus).

Nous avons pris les apéritifs sur la pelouse autour de la piscine, puis nous avons mangé des spécialités, suisses, québécoises, marocaines, vietnamiennes sur les tables installées sur les cours de tennis.

C’était assez comique toutes ces délégations étrangères, dans la nuit bengali pendant que sortaient de la sono les dernières chansons françaises.

Je me suis installé à une table d’artistes bengali. Nous avons parlé d’art et de pâtisserie, et les artistes à ma table m’ont avoué qu’ils mangeaient eux-même 5 à 6 pâtisseries par jour. L’un d’eux m’a dit « c’est parce-que les artistes ont besoin de beaucoup d’énergie pour inventer des choses », il doit avoir raison.

Ce qui m’amusait c’était de voir ces petits groupes d’étrangers chacun avec leurs caractéristiques. Les bengalis élégants, retenus et amusés, les français avec leurs yeux bleus et leurs barbes de trois jours qui renversent les verres par maladresse, les françaises toutes minces et très bavardes, les québécois qui aiment les kermesses et qui faisaient des tirages au sort en français devant un public qui ne comprenait pas un mot, les égyptiens avec les femmes en turban léopard (les seules d’ailleurs de l’assemblée). J’y ai rencontré un certain nombre de français qui ont décroché de l’Europe, ont acheté des maison en Inde ou au Bangladesh. Je les observe avec beaucoup d’attention, pour me guider car il n’est pas impossible que je fasse comme eux un jour.

Souvent les français que je rencontre à l’étranger m’inspirent de la sympathie, ils sont souvent curieux, attentifs… ils me font penser à des élèves appliqués et idéalistes plein de bonne volonté bien qu’un peu maladroits. J’en fait partie j’imagine.

Souvent ces français savent intuitivement comme je le pense, que notre société ne peut pas leur apporter ce qu’ils désirent.

C’est comme si l’Europe après avoir inventé des choses très belles, la liberté, dont nous bénéficions chaque jour pour ce qui est de la plupart de nos choix, était arrivée au bout de sa logique.

Cette liberté nous ouvre un grand champ libre et nous permet d’imaginer ce que nous voulons, on peut faire le travail que l’on veut sans distinction de classe,  avoir ou ne pas avoir de religion, changer de vie plusieurs fois dans sa vie, avoir la sexualité que l’on souhaite et en changer aussi souvent qu’on le souhaite, fonder ou ne pas fonder une famille…

Mais, qu’y a-t-il après la liberté ?

Une fois qu’on s’est libéré de tout et de tout le monde on est seul, donc incapable d'imagination et de partage.

Cette solitude ne nous permet plus de nous construire.

Car lorsqu'on est seul, on ne se construit pas on se préserve.

On ne peut plus ni donner ni recevoir, on emploie toute son énergie à se préserver.

Car on est en danger.

Sumadri me disait à ce propos, lorsqu’on veut obtenir quelque chose de nouveau il faut accepter de perdre quelque chose d’aussi important.

Cette liberté acquise me semble, d’ici, avoir un prix tres élvevé.

Depuis des millénaires, aucune civilisation n’a eu la folie avant nous d’imaginer que l’être humain pouvait vivre seul. Je cite souvent ce chiffre : à Paris aujourd'hui 1 appartement sur 2 est occupé par une personne seule.

Voilà pourquoi, me semble-t-il, on se supporte si mal et on n’est si peu capables de se parler et de s’ouvrir à l’autre. C’est qu’on pense qu’on est en danger. Et on a raison de le penser car on est réellement en danger.

Peut-être que tout cela est mal pensé, je n’en sais rien,  mais c’est ce que je ressens, et cela occupe beaucoup mes pensées depuis que je suis ici, car il va falloir que je réfléchisse dans les temps à venir à ce que j’accepte de perdre et ce que je veux gagner pour avoir une vie qui respecte même imparfaitement les valeurs qui me semblent donner du sens à ce bref passage sur la terre.

En tout cas essayer de combattre les chimères des libertés proposées par l’occident, pour ne pas passer une existence à se préserver car, il me semble qu’on a mieux à faire.

C’est ce que m’enseignent les indiens depuis bientôt dix ans que je viens les voir pour mieux respirer.

Je viens de recevoir un appel de l’attaché culturel car la journaliste du Daily Star, veut m’interroger dans le café à 17 heures. Je l’ai croisée hier, elle ressemble à la journaliste du tableau d’Otto Dix, la journaliste Von Harden …en sari. Il paraît qu’elle est très bizarre mais intelligente. Ca ne m’étonne pas.En attendant je vais me promener dans Dhaka avec quelques étudiants et ce soir je suis invité en boîte de nuit.

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Commentaires
Z
Quel bonheur de te retrouver toi, tes images, ton univers et cette expérience que tu nous fais partager. Merci. Bises et Amitié. <br /> Jacqueline
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