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Bangladesh
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17 mars 2008

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Bahrein, lundi matin

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Dimanche

Si le Bangladesh, qui m’a fait déjà beaucoup de « cadeaux » (comme dit Ferrante), devait me faire un cadeau officiel, le voilà fait.

Apurba, ce matin, est venu me chercher à l’Ambrosia et nous nous sommes rendus en rickshaw dans le quartier du Parlement.

L’année dernière, j’avais vu le bâtiment de face, cette fois nous l’avons longé au dos dans un quartier entièrement conçu par Louis Kahn, de pelouses, de lacs artificiels et de pavillons rouges briques comme à Ahmedabad.

Nous avons fait le tour, et cette façon de tourner autour depuis un an, me donnait l’impression, même ce matin, que je n’y rentrerais jamais, comme si je tournais autour d’un mirage.

Cette soucoupe volante immatérielle dans la lumière du matin, entourée d’eau, de fleurs, et survolée en permanence par des hélicoptères et des corbeaux ressemble à une forteresse inaccessible.

Malgré toutes les signatures et les papiers, ça n’a pas été facile d’y pénétrer.

Au premier barrage, trois militaires en mitraillette, m’ont installé dans un fauteuil sous leur parasol et posé un journal écrit en bangla sur les genoux pour me divertir pendant que l’un d’eux partait d’un pas lent sous la chaleur, vérifier dans la forteresse que mon invitation était valable.

Après vingt minutes nous avons pu avancer de 100 mètres et nous n’étions plus qu’à quelques mètres des murs, puis au troisième barrage nous avons attendu encore 15 minutes dans un souterrain ouvert sur le lac artificiel.

Enfin deux gardes sont venus nous accueillir, et nous avons passé le pont-levis de brique rouge. A partir de ce moment comme toujours ici, j’ai été accueilli avec tous les honneurs, la bibliothécaire m’a fait faire une visite privée de sa grande bibliothèque, le salon v.i.p, ensuite, a été ouvert, on nous y a fait asseoir pour nous servir des samossas et du café…

Ce lieu est sublime, et m’a beaucoup plus impressionné que l’université d’Ahmedabad du même Louis Kahn. Peut-être à cause de sa charge symbolique. Mais surtout à cause de sa complexité dans la pureté.

Aussi, j’imaginais l’an dernier, vu de loin, un lieu modestement grand, de l’intérieur c’est immense, des passerelles et des perspectives conduisent partout, aucun mur n’est plein, mais toujours ouvert de formes circulaires, demi-circulaires ou triangulaires.

Ca a été un très grand moment lorsque nous avons pénétré dans la salle parlementaire même.

Au dessus des fauteuils verts et des boiseries, le plafond semble voler très haut.

Et de fait, il vole presque. Car le plafond est ouvert, et seulement protégé de la pluie par une étrange forme en béton comme un parasol qui repose par quelques rares points d’attache.

Depuis quelques années, j’ai visité plusieurs lieux d’architectes modernistes en Inde, (Le Corbusier à Chandigarh et Ahmedabad…) et si j’étais l’un d’eux je serais ravi, car j’aime la façon dont, ici, ils les font vivre.

En marchant dans cet immense palais futuriste j’avais l’impression en regardant les détails de marcher dans un palais Egyptien il y a quelques millénaires. Car ce qui est très beau, c’est que le long des murs de plusieurs dizaines de mètre sont accrochées des échelles en bambou et en corde sur lesquels des hommes en Longhi sont suspendus pour nettoyer ou retaper.

Dans les salons, les fauteuils, les tapis et les plantes sont fatigués, les gros ventilateurs qui agitent l’air sont rouillés et les serveurs qui nous versent le thé enturbannés… les gardiens déchaussés dorment, sur des tapis à même le sol.

On s’y sent bien, car la vie circule partout, rien n’est figé et ce grand temple respire doucement.

Hier soir j’étais invité au restaurant par Nava, la prof. de piano, avec sa nièce et Apurba.

Elle m’a fait rire lorsqu’elle m’a dit, je suis musulmane de naissance, chrétienne de cœur et juive par l’esprit. Cette phrase n’était pas dite au hasard, car lorsque nous avons poussé la conversation je me suis rendu compte que j’avais à faire à une érudite de l’histoire des religions.

Elle m’a raconté des choses que j’ignorais sur la théologie chrétienne et juive, connaissant sur le bout des doigts la généalogie des prophètes et la symbolique des religions.

Je me suis reconnu dans ce qu’elle disait, lorsqu’elle a dit ; il faut faire attention lorsque comme moi on veut se débarrasser de sa religion de naissance et qu’on est agnostique de ne pas tout jeter en même temps, car on perd beaucoup plus qu’on imagine lorsqu’on se débarrasse des religions.

Ca, c’est la sagesse du sous-continent indien.

Elle m’a appris qu’elle était amie avec la journaliste que j’évoquais hier dans mon blog.

Elle l’a appelée au téléphone et je lui ai dit au revoir. Elle avait une voix très douce au téléphone qui faisait oublier son aspect tourmenté. Ce que Nava m’a raconté est à la hauteur de ce que j’imaginais, cette journaliste à un nom bien plus incroyable que la journaliste Sylvia Von Harden, elle s’appelle Faysal de la Harpe.

Veuve d’un aristocrate français à moitié australien, qu’elle a rencontré aux Maldives, elle a vécu au Pakistan jusqu’à la guerre de libération en 1971.

Elle est réputée pour son esprit critique, son immense culture et son goût immodéré pour l’alcool.

Nous sommes revenus en cyclopousse dans le noir et je me demande comment je vais me passer de ces voyages dans la nuit daccaïenne sur ces fragiles embarcations métalliques.

Ces rues à peine éclairées par les bougies des échoppes, ces cyclopousse qui glissent dans la nuit et slaloment pour éviter les trous de la chaussée, les visages qu’on distingue à peine et ces grands yeux noirs en amande qui m’inspirent une immense empathie.

Ce monde est dur et doux à la fois mais il me va à merveille.

Voilà, ce soir je quitte l’hôtel à 2h 30, et je décolle à 5 heures.

J’arriverai à Barhein demain matin, j’y passerai la journée et la soirée et décollerai pour Paris dans la nuit.

lundi 17 mars

Je suis un mauvais garçon d’avoir dit ce que j’ai dit lors de mon premier passage à Bahrain, j’ai parlé trop vite et je le regrette car ce matin ça a été un régal de me promener dans les souks de Bahrain.

Pour terminer mon épisode bangladais je suis obligé d’évoquer brièvement, les adieux.

Après le dernier cours à 21 heures, les étudiants m’ont convié à un grand dîner d’adieu dans le restaurant où j’avais mangé la langouste. J’ai mangé une deuxième langouste, et ce repas (bien que je ne me prenne pas plus pour Jésus que pour Ganesh) ressemblait à la scène… ils étaient 15 de part et d’autre de la longue table, graves et très cérémonieux. Ils mont exprimé à nouveau par de brefs discours et de multiples cadeaux leur satisfaction et leur attachement, et les bengali ont une capacité incroyable à exprimer et à communiquer leurs émotions qui à chaque fois me trouble, pour moi qui ne suis pas habitué à ce mode d’expression.

J’ai quitté Dhaka, quelques heures après, ému et léger tout à la fois, en disant intérieurement un grand MERCI à toutes ces personnes rencontrées brièvement ou longuement, et qui par leur humanité bouleversante, m’ont apporté bien plus qu’ils n’imaginent.

Gulf Air a semble-t-il l’habitude de loger et nourrir ses passagers en transit à Bahrain.

Ce matin en posant le pied à l’aéroport on m’a informé que mon visa m’était offert, et qu’une voiture me conduirait à mon hôtel.

Cette nouvelle, m’a peut-être mis de bonne humeur… quoiqu’il en soit j’étais ravi d’être à Bahrain ce matin.

Tout me plaisait, la lumière blanche, les pelouses et les fleurs… et puis cette classe avec les femmes en robes noires pailletées et les hommes en robe blanche (on appelle cela m’a-t-on dit des Thoob).

Après ce mois à Bahrain, cela me semblait plus exotique qu’en venant de Paris. Ces hommes aux barbes taillées et grosses lunettes noires qui montent dans leur 4x4 m’amusaient beaucoup en attendant le taxi.

En arrivant à l’hôtel j’ai appelé l’attaché culturel de l’Alliance française de Bahrain.

On doit se retrouver tout à l’heure en fin d’après-midi.

En attendant, il m’a expliqué que mon hôtel était tout près d’un souk.

Sans même me reposer, je m’y suis rendu… et là j’ai découvert une partie de Bahrain que je n’avais pas imaginé la première fois. Un souk, avec les échoppes ouvertes, les femmes et les hommes qui font leurs achats dans la lumière matinale, les cônes d’épices, les étoffes d’orient, les bijoux improbables… et surtout ce mélange de population qui est celui que je préfère, d’indiens, d’iraniens et d’arabes du golfe.

Ces arabes avec leur physique inquiétants sont d’une douceur incroyable lorsqu’on s’adresse à eux. J’ai passé la matinée à être invité à entrer dans les boutiques pour m’asseoir, discuter, boire des thés et manger des pâtisseries pendant qu’ils me racontaient le chemin de leurs ancêtres nés à Shiraz, à Ahmedabad et Mascate… sans qu’ils ne se préoccupent de me vendre quoi que ce soit.

Je me suis rendu dans une mosquée chiite couverte de céramiques bleus, j’ai bu du jus de grenade… et promené mon l’objectif de mon appareil photo sur tous ces beaux visages.

Puis, fasciné par ce vêtement incroyable, je suis entré dans une boutique pour m’acheter un Thoob.

Lorsque je suis sorti de la boutique d’essayage les vendeurs iraniens, m’ont dit en riant tu ressembles vraiment pas à un européen !

En me regardant dans le miroir, avec ma barbe et cette tunique blanche immaculée j’étais un peu forcé de leur donner raison…

Je n’avais finalement peut-être pas tord, lorsque j’ai dit à mon interlocuteur, à Roissy il y a un mois, que ça ne me dérangerait pas de passer trois ans à Bahrain…

Je reviens d’une sieste au bord de la piscine et je m’apprête maintenant à découvrir Bahrain guidé par Olivier, l’attaché culturel.

Puis, cette nuit, je décolle et mardi matin je serai à nouveau parisien.

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