Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bangladesh
Bangladesh
Publicité
11 mars 2007

. . . Dès que je pose le pied au Bengale mes

CetA1

.

CetA2

.

MAli

.

SRAY

Dès que je pose le pied au Bengale mes journées s’accélèrent et je fais 10 fois plus de choses qu’ailleurs, je travaille 15 heures par jour et ne suis jamais fatigué. C’est le cas dès que je me pose à Calcutta, mais je ne m’attendais pas à cela à Chittagong… curieusement c’est moindre à Bombay.

Je pense que mon esprit et celui des bengali communique parfaitement, mais ce ne doit être qu’un facteur parmi d’autres…

SLB a parfaitement compris ce que je recherchais et m’organise un programme dense quotidien.

Je suis d’autant plus stimulé qu’il attend beaucoup de moi et qu’il me donne tous les moyens pour réaliser au mieux ces deux semaines de travail.

Si je devais raconter dans le détail tout ce que j’ai fait depuis hier midi j’en aurais pour plusieurs heures.

A midi, hier, j’étais invité à déjeuner dans la villa de Charmine et Adil Husain, un homme d’affaires et une femme d’affaires… mais les gens qui font des affaires dans le Bengale ne ressemblent pas à ceux qu’on peut rencontrer ailleurs, pour ne donner que quelques exemples ; lui va à Samarcande pour réciter des poèmes bengali, elle voyageait dans les années soixante en Iran pour donner des spectacles de danse classique… il a dessiné lui-même sa villa en s’inspirant de Le Corbusier après avoir visité Chandigarh (la ville totalement imaginée par Le Corbusier au nord de l’Inde).

Bref de la culture, une très grande classe, de l’humour et une grande chaleur.

Je me suis rendu chez eux pour réaliser leurs portraits, ils m’ont non seulement reçu avec beaucoup de gentillesse mais avaient préparé l’un des meilleurs repas bengali que j’ai goûté pour agrémenter cette séance de photo.

SLB me dit que c’est la meilleure table de Chittagong.

Elle était vêtue pour la séance de photo d’un sublime sari brodé jaune et or, et lui d’une kurta amidonnée immaculée. Vodka sur la véranda à midi, au milieu des bougainvilliers et des corbeaux qui hurlent à la mort sous le ciel jaune du Bengale.

J’adore ce mélange de glamour et de fin du monde, c’est ma représentation du XXI e siècle.

Jamais une conversation avec un bengali n’est superficielle… ils testent pour savoir si l’on a de la culture, et s’il estiment que oui tout va très vite…

SLB est parti et j’ai pris le café avec eux avant de descendre travailler à l’alliance avec Adil Husain qui allait faire un tournoi de bridge au café de Paris.

A la nuit tombée SLB m’a conduit au Club construit par les Britanniques.

Une sorte de Lion’s club ou de Rotary club.

Atmosphère désuète et plaisante avec une longue véranda qui s’ouvre sur la pelouse, billard, bar etc.

Nous avons bu le seul whisky qu’ils proposaient car l’état d’urgence les empêche de s’approvisionner.

Ensuite soirée très drôle dans une salle du club avec la bourgeoisie de Chittagong.

Soirée organisée par le club pour récolter des fonds pour les femmes de Bangladesh. J’ai dû jouer au Bingo, une sorte de loto assis à la table de Charmine et de ses amis.

Nous étions les seuls occidentaux au milieu de trois ou quatre cent bengalais.

Le premier prix était un week-end à Calcutta.

Charmine avait du frimer auprès de ses copines en racontant qu’elle s’était fait photographier car ses amies m’ont demandé où était mon appareil photo.

Retour à l’hôtel ou j’ai travaillé tard dans la nuit. Je me suis couché très agité, car je dois réaliser tous ces portraits en un temps record.

C’est le but de l’exercice à Chittagong, mais je dois inventer une nouvelle méthode, car je réalise habituellement un portrait en un mois, et je dois en réaliser ici, quinze en dix jours. Je me suis reveillé le dos completement bloqué, la reception a appelé un cuisinier qui m'a massé pendant 1 heure et m'a remis sur mes pieds.

J’ai travaillé toute la matinée ce matin sur le portrait de Charmine, que je promène dans les photos des temples d’Angkor miraculeusement restées sur mon Labtop.

SLB, est venu me chercher à 16 heures pour me conduire à une autre séance de photo, chez Mohamed Ali, l’homme des supermarchés du Bangladesh qui habite une autre superbe villa sur les collines de Chittagong.

Celui-ci était plus dubitatif sur la séance de photo et au début se montrait distant, puis après quelques minutes de discussion il s’est détendu et à la fin il nous a promené dans toutes les pièce de sa villa, posant avec gentillesse et me tenant les mains pour me dire au revoir pendant une minute comme si j’allais déjà lui manquer.

Retour à l’alliance, les épreuves des tirages n’étaient pas prêtes car il y a eu une coupure de courant de plusieurs heures dans tout Chittagong.

Dans la jolie bibliothèque j’ai rencontré un bel étudiant qui lisait les fleurs du mal, et je l’ai convié à une nouvelle séance de photo demain à midi.

Lorsque je lui ai demandé ce qu’il voulait faire après ses études il m’a répondu simplement : écrivain.

Je suis reparti avec SLB dans une sorte de centre culturel où nous avons été reçu encore une fois avec une incroyable générosité par le directeur, un homme qui écrit sur Tarkovski, Mrinal Sen, Satyajit Ray et avec qui j’ai parlé de Duras.

Il nous a fait visiter les lieux, et j’ai vu une image typique du Bengale deux jeunes qui lisaient dans la librairie côte à côte devant un portrait de Satyajit Ray.

J’ai acheté un disque des chansons de Tagore, et un petit livre réalisé par des photographes du Bangladesh.

Les moyens dont ils disposent sont extrêmement pauvres mais leur esprit et leur humanité sont tellement riches que de les côtoyer m’est infiniment plus satisfaisant que n’importe quoi d’autre.

Je sais que l’occident voit le Bangladesh comme un radeau de la méduse, ce n’est pas faux, mais c’est un radeau de la méduse très tendre où les gens ne s’entredévorent pas, et moi d’ici je vois l’Europe comme un Titanic qui s’enfonce dans des eaux glacées .

Je dois laisser le blog pour m’occuper du portrait de Charmine…

Je publierai les portraits lorsqu’ils seront achevés, ceux d’aujourd’hui sont de simples prises de vue réalisées entre les séances.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité