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Bangladesh
Bangladesh
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5 mars 2008

Image: Lucky Barua . Image: Lucky Barua . Frida

LuckyBarua

Image: Lucky Barua

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LuckyBarua2

Image: Lucky Barua

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The_little_deerroots

Frida Kahlo: The little deer et Roots

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SanjoyBikashDas

Sanjoy Bikash Das

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Dali

Dali: Portrait of Picasso

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Il y a à Chittagong un pincée d’étrangers.

Cela va du prêtre québécois, à Chittagong depuis quarante ans, de quelques évangélistes protestants, de trois ou quatre jeunes filles venues travailler dans les ONG. De l’équipe d’Afrique du sud de cricket de passage dans la ville pour une semaine… aux représentations diplomatiques, dont le consul russe qui emploie ses loisirs à la rédaction d’ouvrages sur la linguistique.

Hier, on parlait dans les journaux d’une réaction en chaîne des directeurs d’ONG qui venaient de s’enfuir avec les capitaux.

Il y a finalement de grandes chances qu’il n’y ait pas de paradis ou d’enfer après la mort, alors pourquoi pas voler l’argent des ONG. Mais je me disais en me couchant, quelle drôle d’idée de profiter de son court passage sur cette planète de cette façon.

Il y a aussi quelques photographes « comme moi ». Il y a deux jours une breve rencontre m'a amusé.

Au pied de l’ascenseur du seul restaurant chic de Chittagong je me suis retrouvé face à un photographe américain en bermuda, l’air soucieux, cheveux gris longs attachés par une élastique, énormes lunettes noires, et surtout un zoom comme je n’en n’avais jamais vu : 1 mètre cinquante de long et 50 cm de rayon.

Ce personnage avait certainement fait le voyage pour venir photographier les petits va-nu-pieds qui pataugent dans la boue avec des mouches autour des yeux. Pour bien distinguer les mouches il faut certes un très bon zoom.

Mais ce qui m’a fait rire c’est de me voir face à lui, avec mon petit appareil de touriste japonais, chemise repassée, venu photographier les danseuses et les écrivains bengali et tous ceux qui m’offrent en quantité incroyable dans cette ville des visages rayonnants.

Malgré un même visa de photographe pour le même pays, nous ne sommes, je pense, même pas dans le même système solaire.

Beaucoup d’agréables moments depuis 48 heures. Dîner nocturne avec Roopam et Sten dans un jardin avant hier soir, qui a précédé la recherche infructueuse pour boire un verre après minuit. Cette recherche et les personnes que nous avons rencontré sur notre route nous ont fait beaucoup rire.

Hier matin, je suis allé avec Sumadri rendre visite au Temple derrière l’Alliance.

Je raconte dans tous mes blogs en Inde combien ces Temples hindous me plaisent. Si je devais le redire ici je ne ferais que me répéter. Sumadri m’a présenté au prêtre à moitié dénudé au milieu des fumées d’encens et des masses de fleurs comme un grand connaisseur de l’hindouisme, ce qui est évidemment faux. Mais mon intérêt intuitif pour cette religion me la rend curieusement familière, plus que n’importe quelle autre.

Cela s’est confirmé quelques minutes après lorsque nous nous rendions chez Sumadri en cyclopousse.

Nous sommes entrés dans de minuscules ruelles, engorgées par les embouteillages de cyclo et dans un vacarme très napolitain. Une atmosphère joyeuse et vivante se dégageait de ces ruelles.

Je n’avais pas compris que nous étions dans un quartier presque exclusivement hindou.

A l’analyse ce qui est le plus frappant c’est qu’il y a dans la rue autant de femmes que d’hommes. Que les femmes et les hommes ont les mains, les chevilles, les poignets et le cou ornés de dizaines de bijoux. Et puis après ce sont des détails, les guirlandes de fleurs, les Dieux peints sur les murs, les pupilles éclairées par une douce folie…

J’ai apprécié que Sumadri m’invite chez lui. Encore plus touché de voir le portrait que j’avais réalisé de lui l’année dernière, encadré, trôner au dessus de son bureau, face à lui.

Son intérieur est comme je l’imaginais plein de livres et d’images. Il y a côte à côte à côte un portrait de Durga avec une portrait de « Jacqueline » de Picasso, des arlequins du même Picasso, et un Manet au dessus d’un portrait de Beethoven, une peinture de Tagore face au portrait de John Lennon.

Nous avons mangé un carton entier de pâtisseries bengali puis il a sorti un petit harmonium portatif en bois et il s’est mis à chanter. Ces mélodies dont je parle les jours précédents, ont quelque chose pour ceux qui ne les connaissent pas du fado portugais pour le chant et des accompagnements de Nico pour la musique.

Je sais que peu de personnes apprécient le son de cet instrument. Moi, accompagné de ces poèmes c’est quelque chose « qui me déchire l’âme » comme dit Sumadri en riant.

J’ai retrouvé Roopam pour aller m’acheter trois pantalons d’un seul coup au marché. Là aussi il faudrait que je décrive ces boutiques enchevêtrées avec 4 m2 au sol et onze personnes enchevêtrées au milieu des piles de linge.

La bonne humeur et l’humour des vendeurs est contagieuse.

J’ai juste eu le temps de me rendre dans une école pour donner une conférence aux professeurs d’Art. Au bout d’une heure et quart de conférence, à parler en faisant défiler mes images sur un écran, on a entendu Boom, et tout a été plongé dans le noir.

Alors, sans s’en préoccuper plus que ça, ils m’ont pris par la main dans le noir pour m’accompagner dans une salle à côté où nous avons bu le thé, et mangé de nouvelles pâtisseries bengali à la lueur des chandelles.

Après une nouvelle soirée à parler sur le balcon au 8 eme étage, je me suis offert ce matin une matinée calme. Cet après-midi, les étudiant et moi accrochons l’exposition, et c’est la première fois que le Portrait du Roi et des enfants vont être montrés.

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